Marché financier : une intervention payante pour la Banque centrale

Comment l’ariary a-t-il fait pour remonter la pente alors qu’on s’attendait à dévaluation. Le ministre des Finances et du Budget a révélé que son département a convenu avec la Banque centrale de Madagascar afin que celle-ci intervienne sur le marché interbancaire de devises. « L’objectif a été d’améliorer ou au minimum maintenir la monnaie nationale ». Selon Hery Rajaonarimampianina, le retour à la normale de la situation politique va renforcer ce maintien.

L’intervention de la Banque centrale a été une décision « politique » censée rassurer le marché. « On a démontré que l’on pouvait intervenir », résume le ministre Rajaonarimampianina. Il explique que la loi de marché s’applique au marché de devises où il y a de l’argent qui entre et d’autre qui sortent. « Il y a eu de la demande même si elles n’étaient pas nombreuses », dit-il. Le ministre des Finances écarte ainsi l’hypothèse d’une pénurie de devise ou absence d’offres sur le marché.

Le ministre Rajaonarimampianina accuse les spéculateurs qui ont provoqué un dérèglement du marché interbancaire de devise. La Banque centrale a donc montré qu’elle peut mettre fin aux effets des spéculations. « Quand on fait une intervention, les spéculateurs sont dans l’expectative, ils sont contraints de vendre sur le marché », explique le ministre des Finances. Ce déversement de devises explique l’embellie de la situation de l’Ariary.

Sans une solution politique pour rétablir l’ordre constitutionnel, on craignait alors une dévaluation inévitable de l’Ariary. Certains observateurs pessimistes prédisaient un euro s’échangeant à 4000 ariary. La situation s’est stabilisée en novembre. L’euro est maintenu autour de Ar 2915 depuis le début du mois. La monnaie nationale fait même bonne figure face au dollar et grappille quelques points. Le billet vert s’échange à Ar 1952 le 10 novembre contre Ar 1972 le 02 novembre.

Officiellement, il n’y a pas eu de crise monétaire à Madagascar depuis le changement anticonstitutionnel de gouvernement. Le pays a conservé une certaine santé financière grâce à des réserves de devises conséquentes issues des grands investissements miniers. Ce qui a permis à la monnaie nationale de résister face au dollar qui s’échangeait à Ar 1866 au début du mois de janvier, Ar 1943 le 01 juillet et Ar 1972 début novembre. En somme, l’ariary a perdu 110 points face au dollar depuis le début de l’année.

La situation est moins rose par rapport à l’euro même si les autorités, à commencer par le premier ministre sortant Monja Roindefo, préfère parler de glissement en guise d’euphémisme. L’euro est passé de Ar 2606 à Ar 2725 de janvier à juillet. La dépréciation a été nette en octobre quand le gel des aides et financements extérieurs, d’une part, le ralentissement des investissements d’autre part, se faisaient sentir. L’euro s’échangeait à Ar 2905 le 02 octobre et atteindre les Ar 3003 le 15 octobre.