Le commerce de palourdes ou « tekateka » fait vivre son homme à Toamasina. Sur l’avenue du Bord de la mer, Robert, 32 ans, est un personnage connu des lieux. Il a des clients fidèles mais aussi des vacanciers qui font une découverte gustative de ce que la plupart d’eux confondent avec des huitres.
Cela fait 5 ans que Robert fait du commerce de produits de mer. Le « tekateka » est le business idéal quand on n’a pas beaucoup de fonds pour démarrer, de plus l’approvisionnement est pratiquement toujours assuré sauf en cas de cyclone », explique-t-il. Le marchand fait venir ses produits de Maroantsetra, sur la côte nord-est de Madagascar. Les paysans qui sont des familles de pêcheurs les ramassent sur les plages quand le marais se retire. Comme la demande n’est pas très développée, cette cueillette n’est pas encore un risque pour l’environnement. « Je n’achète pas directement aux producteurs, il y a un collecteur qui a un partenaire à Toamasina, c’est ce dernier qui fait office de grossiste », précise Robert. Il doit donc partager les marges avec cet intermédiaire. Ce n’est pas pour autant qu’il ne fera pas de bonnes affaires.
Robert ne prend pas de grosses commandes. « Les palourdes sont des animaux vivants que l’on mange crus, il n’y a pas moyens de les conserver, alors qu’on ne peut pas les vendre s’ils sont morts, car c’est dangereux pour la santé », se justifie-t-il. Pour rassurer le client, une petite démonstration n’est jamais de trop. Il suffit de mettre une palourde sur la main et on voit sa coquille se fermer par instinct. Pour ne pas avoir à jeter ses produits, le commerçant achète au grossiste 200 pièces pour être certain d’écouler son stock en 2 ou 3 jours. Il achète les palourdes par lot dans un panier. Plus la taille est grande, plus le prix est élevé. Il revend la pièce entre 200 et 600 ariary. C’est un prix très intéressant qui est plus cher qu’en centre-ville d’Antananarivo.
Les palourdes et les huitres ne figurent pas dans les habitudes alimentaires des malgaches. Paradoxalement, ce sont les gens de la classe populaire qui les consomme, étant persuadés qu’ils ont un important apport en calcium, bien que ces « coquillages » soient beaucoup plus riches sur le plan nutritionnel. On les achète et les mange dans la rue. Le « tekateka » n’a pas un goût délicieux, loin de là, et son odeur le rend encore moins appétissant. « Ce qui est important, ce sont les sauces vinaigrette qui masquent le gout et l’odeur », déclare Robert. Il y a des clients qui achètent une dizaine et les mange avec un appétit extraordinaire.
A. Herizo