La filière crevettière malgache est en net recul et elle pourrait être appelée à disparaitre. Maladie, pêche abusive et irrégulière, la fermeture de fermes d’exploitation… les problèmes se répercutent sur les statistiques avec une baisse de la production et du chiffre d’affaires. Les opérateurs au sein du Groupement des Aquaculteurs et des Pêcheurs de Crevettes de Madagascar tirent la sonnette d’alarme.
La production de crevette est limitée puisque l’élevage intensif a été ralenti par l’épidémie white spot. L’exportation est estimée à environ 3 000 tonnes en 2014. La quantité de crevettes sauvages exportées est légèrement plus élevée et a progressé par rapport aux 2 829 tonnes de 2013 et les 48 milliards d’ariary de recettes, soit 3 198 tonnes les dix premiers mois de 2014 générant 67 milliards de chiffres d’affaires. Par contre, l’élevage a considérablement régressé puisqu’elle a été de 4 112 tonnes en 2013, rapportant 124 milliards d’ariary dont 119,6 milliards provenant des pays de l’UE. Les entreprises du GAPCM vendent deux fois plus crevettes d’élevage que de crevettes sauvages vers l’Europe et inversement vers les autres destinations. Si ce rapport est préservé dans le reste du monde, Madagascar est en train de perdre du terrain sur le marché européen pour les crevettes d’élevage, soit environ 1 000 tonnes de moins qu’en 2013.
Le poids économique des membres du GAPCM est affecté par la maladie et la pêche précoce des crevettes. « Si les jeunes spécimens censés être des reproducteurs sont pêchés sans s’être reproduits, il est tout à fait logique qu’il y ait une conséquence sur la démographie », explique un responsable d’Unima. Il déplore l’attitude réfractaire des pêcheurs malgré les efforts des entreprises du secteur pour les aider à avoir une autre activité durant la fermeture des pêches. Et pourtant, les grandes entreprises ont fait l’effort d’améliorer leur matériel afin de limiter à moins de 2% les pêches accessoires. « Nous nous intéressons uniquement aux crevettes, nous ne tenons pas à attraper des poissons dans nos filets », souligne un cadre d’Unima.
En 2010, le GAPCM s’est attribué 40% de la production et 60% des recettes d’exportation de la filière pêche. En 2014, il ne représente plus que 36% de la production est 50% des valeurs. C’était en 2007 que la filière crevettière avait connu son apogée en tant que 1ère produit d’exportation avec 13 741 tonnes de production pour une valeur de 214 milliards d’ariary, créant 8 724 emplois. Par rapport au début du développement de cette activité en 2001, la quantité exportée a chuté de 2,5% mais la valeur a augmenté de 42% alors qu’à peine 500 emplois ont été perdus. En 2009, la filière marque le pas et tombe dans une spirale négative. Les statistiques de 2013 sont alarmantes : seulement 8 046 tonnes exportées pour une valeur de 178 milliards d’ariary, ne préservant que 4 225 emplois. Le secteur attend la réouverture des grandes fermes d’exploitation qui ont dû cesser leurs activités pour retrouver la croissance. L’épidémie white spot a relancé le débat sur l’usage des antibiotiques qui s’est avéré inefficace.
A.H