mercredi , 24 avril 2024
enfrit
« On a de l’argent car on dispose d’un budget même pour les élections », l’excès d’optimisme tombe dans la classique propagande économique habituelle des autorités de la transition. Si l’administration Rajoelina essaie d’occulter la crise politique en revenant à une autorité de fait et une transition unilatérale, la crise économique et sociale va monter d’un cran en 2010.

Perspective 2010 : une année de l’incertitude et non de la relance

En ce début de l’année 2010, la situation économique n’est pas catastrophique, la croissance a même été miraculeusement positive en 2009, soit +0,6%. Prétendre que tout va pour le mieux et que la relance est enclenchée, c’est enjoliver une réalité toujours préoccupante. Les indicateurs sont au rouge mais les autorités du pays ne cèdent pas à la panique. L’adoption d’un budget de l’Etat le dernier jour de l’année n’est jamais bon signe.

L’appareil administratif n’a pas eu le temps de se familiariser avec cette loi des finances qui sera forcément exceptionnel. En résumé, l’Etat se contera d’un budget de fonctionnement rationnel, austérité oblige. L’objectif de croissance est assez modeste pour un pays en voie de développement. Un +2,6% est inespéré dans un contexte de crise politique, sociale et économique. L’inflation serait, comme chaque année, contenue à moins de 10%.

Ce n’est que de l’effet d’annonce puisque la loi des finances ne répond pas aux problèmes économiques engendrés par la crise politique qui perdure depuis un an. Le problème de la suspension de l’AGOA est trop récent pour que l’effet tant redouté soit effectif. La recette en devise du pays risque de baisser jusqu’à -30%. Les solutions proposées sans grande conviction relève du tourisme, des services liés aux nouvelles technologies et de l’agriculture.

Le tourisme est toujours un secteur en berne, la destination Madagascar souffrant des effets de la crise politique. La deuxième solution, celle des NTIC, est suspendue à l’effectivité d’une connexion internationale à haut débit et à moindre coût, sans parler d’un temps d’adaptation et de formation pour les futurs employés d’un secteur de pointe. Troisième option, le développement rural est moins réaliste quand il s’agit de réorienter les 100 000 travailleurs, dont 45 000 emplois directs, de l’industrie textile à l’agriculture.

En tout cas, la loi des finances ne prévoit aucune mesure incitative ou de facilitation pour remettre en selle ces nouveaux sinistrés de la crise politique. Le ministère des Finances et du Budget a certes entendu les opérateurs du secteur privé mais n’a pas pu accéder aux demandes de ces derniers sur les avantages fiscaux et autres exonérations en vue de relancer les secteurs économiques. Quoiqu’il en soit, le gouvernement n’a pas cédé à la tentation de revoir à la hausse les différentes taxes pour renflouer les caisses de l’Etat. La dévaluation de la monnaie nationale sera une décision difficile à prendre car elle créera plus de problème qu’elle n’en résoudrait.

En 2010, le ralentissement des investissements directs étrangers risque de continuer. Le secteur de l’énergie pourrait faire exception, puisque les phases d’exploration de pétrole et de charbon sont à un tournant décisif. A moins que la HAT ne s’obstine à renégocier les contrats avec les géants Sherritt et QMM qui exploitent les minerais du pays, le secteur minier reste le principal porteur de devises. L’incertitude sur le financement des projets de développement par les bailleurs de fonds et partenaires internationaux risque de saborder la croissance. De nombreux projets sont prêts à plier bagages d’ici juin 2010, si la situation politique dans le pays ne permet toujours pas de revenir à un ordre constitutionnel.