vendredi , 19 avril 2024
enfrit
L’optimisme généré par l’exploitation des deux grands projets miniers de la Grande Ile suffit-il pour justifier une attitude de suffisance envers les bailleurs de fonds et les partenaires internationaux ? Le ministre de l’Economie, Richard Fihenena, affirme que l’année 2010 est celle de la relance avec une croissance de 2,6%.

Perspective économique 2010 : la croissance sur fond d’optimisme

Vu les perspectives économiques dressées par le gouvernement de transition et la HAT pour l’année 2010, on est encore très loin du développement promis afin de justifier un changement extraconstitutionnel de gouvernement. Pour relancer les activités économiques et viser un taux de croissance de 2,6%, la HAT mise sur une politique budgétaire et fiscale incitatives. Cela reste encore aléatoire puisque pour relancer le budget d’investissement public, le gouvernement de Camille Vital se permet d’envisager le retour des aides budgétaires dans le cours du premier semestre, spéculant sur une amélioration de la situation politique. Les initiatives unilatérales de la HAT ne garantissent en rien cette embellie, symbolisée par un déficit public limité à 3,2% du PIB.

Si aides budgétaires il y a, l’application d’une politique fiscale incitative est entièrement justifiée. La spéculation n’est pas énorme puisque de toute manière, le secteur privé a besoin d’un coup de pouce pour relancer quelques secteurs clés. La HAT prévoit par ailleurs l’abaissement de certaines taxes, à l’exemple des matériels de production agricoles. Le manque à gagner dans la caisse de l’Etat ne sera pas ressenti si les programmes d’investissements publics bénéficient des financements extérieurs. En tout cas, la prévision pour 2010 dans le secteur primaire fait état d’une croissance de 2,6%. Le secteur agricole sera maintenu à flot par la continuation du développement de la riziculture par la maîtrise de l’eau et la réhabilitation des grands périmètres hydroagricoles. Le résultat attendu est une croissance de 3,5%. 

Le développement de la branche agriculture, apportant « 15% de la valeur ajoutée totale en 2010 », a un enjeu aussi politique qu’économique. La relance sera portée à bout de bras par le secteur industriel qui, selon les perspectives du gouvernement de la HAT, va connaître une croissance de 8,5%. Il ne faudra pas compter sur les Zones franches industrielles et la branche Textile où l’on attend des croissances négatives, respectivement de -15,0% et de -30,0%. Sans surprise, les autorités de l’Etat comptent sur l’industrie extractive et son  taux de croissance de 411,3%. L’exploitation de la mine d’ilménite par QMM est le fer de lance de cette croissance soutenue par les investissements par d’autres grands projets dont l’extraction de nickel et cobalt à Ambatovy par Sheritt et quelques projets dans le domaine de l’énergie.

Dans le secteur tertiaire, les BTP (+3,0%) et les Télécom (+3,5%) seront les locomotives de la croissance. Le gouvernement Vital ne mesure pas encore l’impact économique de la mise en exploitation des réseaux en fibre optique avec une connexion internationale haut débit mais s’attend à la création de nouvelles valeurs ajoutées et à des créations d’emplois. Quant au tourisme, la relance sera difficile même si des mesures incitatives sont programmées. La gratuité du Visa pour un séjour de moins d’un mois est maintenue. Au final, le secteur tertiaire ne connaîtra qu’une petite croissance de 1,4%.

Le seul point de pessimisme dans les perspectives macroéconomiques 2010 par la HAT est une inflation plus importante dépassant le seuil psychologique des 10%, soit 13,6%. Si l’amélioration de l’environnement politique a été évoquée pour espérer le retour des aides extérieures, elle l’est aussi pour expliquer un probable glissement du taux de change, s’ajoutant à des facteurs exogènes comme l’augmentation du prix du pétrole. Cela aurait au moins un impact positif : faire diminuer les importations de 2,0%.

L’Etat espère ainsi atténuer le déficit des transactions courantes et passer de -976,2 millions de DTS, soit environ 16,2% du PIB en 2009 à 742,0 millions de DTS, soit environ 12,2% du PIB en 2010. « La balance globale accuse un déficit de 76,6 millions de DTS en 2009, alors qu’elle était excédentaire de 66,1 millions de DTS en 2008 ». Pour 2010, l’augmentation des flux de capitaux, passant de 43,3 millions de DTS à 132,3 millions de DTS va permettre de réduire le solde de la balance des paiements à 8,7 millions de DTS.