dimanche , 28 avril 2024
enfrit
Antsiranana a été sous les feux de l’actualité pour diverses raisons. Les opérateurs économiques et les politiciens de la région Diana ont pu attirer l’attention sur le problème des stocks de bois de rose et le déclin inquiétant de la société Secren. Ils ont pu profiter du passage du premier ministre Omer Beriziky accompagné d’une partie de son gouvernement pour un conseil réduit à une séance de travail.

Secren et bois de rose au menu à Antsiranana

Autrefois fleuron de l’industrie malgache, la SECREN se meurt. Cette entreprise publique spécialisée dans la construction et la réparation navales tombe en désuétude. La faute à un vieillissement des installations techniques et des cadres. Les propriétaires de bateaux et autres armateurs dans l’Océan Indien ont déserté Antsiranana au profit de l’Ile Maurice.

Le principal problème de la SECREN et la dégradation du bassin radoub qui était son premier argument, à part la position géographique d’Antsiranana. Un appel d’offres a été lancé pour la réhabilitation. On attend toujours le commencement des travaux par COLAS. Le bassin ne suffira pas à donner un nouvel élan à la SECREN.

Le renouvèlement des installations et des outils de production est un énorme défi pour se mettre aux normes. La question sur l’ouverture du capital est débattue. Les investissements seraient alors apportés  par le nouvel actionnaire afin de se mettre à jour sur le plan technologique.

En attendant, la SECREN essaie de rajeunir ses cadres. L’entreprise a mis en place un institut de formation pour former les techniciens. De même, les cadres vieillissants seront remplacés en interne grâce à cette nouvelle politique de formation.

Le jackpot du bois de rose

Les opérateurs et exploitants dans le secteur des bois précieux de la région Diana tirent une sonnette d’alarme face à ce qu’ils qualifient d’urgence. Quelque 300 000 rondins de bois de rose sont bloqués depuis la suspension de l’exportation. Cela représente un volume de 2500 conteneurs. « C’est une source de revenus potentielle pour l’Etat et les collectivités décentralisées », argumentent les exportateurs de bois de rose. A raison de 72 millions d’ariary par container sous forme d’amende ou d’autre chose, l’Etat pourrait en tirer 180 milliards d’ariary (1 dollar = 2 250 ariary).

Cela ne représente même pas 10% des valeurs de ces bois précieux vendus à prix d’or sur le marché international, plus de 5 dollars le kilo. Avec un poids moyen de 200 kg le rondin, soit 1000 dollars la pièce, on peut tabler sur une estimation théorique de 300 millions de dollars de bois de rose en stock.

L’affaire est juteuse. Face à « la constante détérioration des quantités de bois en stock », les opérateurs du secteur demandent « une abrogation de l’ordonnance interdisant l’exportation de bois de rose » et appellent l’Etat à décréter une période d’exception de 1 à 2 mois sans attendre.

Les exportateurs soulignent que la Chine, le principal acheteur des bois de rose de Madagascar va cesser l’importation en 2013. Ils sont disposés à payer plus d’argent – que les 72 millions d’ariary par container prélevés en 2009 – pour convaincre les pouvoirs publics.

Qu’en dit le ministre de l’Environnement par intérim qui n’est autre que le premier ministre Beriziky lui-même. Son prédécesseur a été limogé en voulant mettre le nez dans un commerce illicite qui impliquerait des hauts responsables de l’Etat ou leur entourage. Le chef du gouvernement a promis d’étudier la question à Antananarivo.

Les chiffres appellent à la prise de conscience. 300 000 rondins de bois de rose, c’est 15 000 ha de forêts dégradés, 500 000 autres arbres coupés pour le flottage, sans oublier les lianes utilisées pour attacher les bois et les ravages sur les végétations basses lors du transport.

Quand un exportateur réalise un chiffre d’affaires de 10 millions de dollars, l’Etat gagne 100 000 dollars et le coupeur 1000 dollars. On comprend pourquoi le ministre de l’Environnement ne fait pas le poids. Le gouvernement peut tout aussi bien vendre en son nom ces bois saisis pour mettre fin aux coupes illicites et aux trafics.