mercredi , 24 avril 2024
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Le secteur du tourisme est dans une tourmente à laquelle il ne s'attendait pas après les événements du 11 septembre aux Etats-Unis. Les professionnels se sont concertés le 18 février dernier à l'hôtel

Tourisme : sauver la destination Madagascar

Relancer le secteur. Tel est le mot d’ordre des professionnels du tourisme après les marasmes que leurs activités connaissent depuis un peu plus d’un mois. Une commission sera bientôt mise en place pour élaborer un plan d’action afin de sauver « commercialement » la destination Madagascar. Ce programme de promotion exceptionnelle sera soumis aux différents bailleurs de fonds potentiels pour trouver les financements nécessaires à sa réalisation. La relance du secteur est attendue pour le début de la haute saison, mars-avril, si le contexte le permet.


Vue la conjoncture politico-économique actuelle, la promotion de la destination Madagascar ne sera plus une responsabilité exclusive de la Maison du Tourisme. Les efforts pour relancer le secteur passent aussi par la redynamisation des différentes associations professionnelles par région et par secteur d’activité : groupements touristiques, agences de voyages, tour opérateur, loueurs de voiture… Les associations  » fantômes  » seront motivées pour revitaliser leur secteur d’activité.


Des activités au point mort


Depuis la mi-janvier date de la fermeture de l’aéroport international d’Ivato ainsi que de la suspension du mouvement naturel des avions, les professionnels du secteur ont dû faire face à une avalanche d’annulations des réservations. Les hôtels affichent un taux d’occupation catastrophique de moins de 10 %. Les régions touristiques de Madagascar dépendent en grande partie de la desserte de la compagnie aérienne nationale. Les activités sont pratiquement au point mort. Les hôtels sont fermés à 95% faute de clients.


Les deux premiers mois de l’année font partie de la basse saison touristique. Ces trois dernières années, les arrivées des visiteurs non-résidents aux frontières pour cette période étaient d’environ 9 500 en janvier et 7 600 en février. On peut donc estimer à environ 10 000 le nombre de touristes qui n’auraient pas pu venir à Madagascar pour ce début d’année. Après trois années de croissance remarquable, le tourisme est stoppé dans son élan. Ce secteur aurait généré l’équivalent de 100 millions d’Euros de recette de devise en 1999, 150 millions d’Euros en 2000 et environ 170 millions en 2001. De même, le nombre d’emplois directs créés dans le secteur tourisme est passé de 15 000 en 1999 à plus de 20 000 en 2001.


Pessimisme et optimisme


Nombre de professionnels du tourisme n’ont pas caché leur désarroi face à la situation qui s’empire au fur et à mesure que la crise perdure. Certains opérateurs, dont les membres de l’Ashort (Association des hôteliers et restaurateurs de Tana) ont décidé de ne pas payer ou de différer le paiement des différentes taxes et charges qui leur incombent. Ils justifient cette  » grève fiscale  » par les difficultés financières du moment et la concurrence  » inopinée  » du secteur informel. La fermeture des établissements financiers n’a fait qu’empirer la situation. D’autres acteurs du tourisme auraient voulu démontrer leur désapprobation du fait que les différentes parties concernées par l’actuelle crise politique n’ont pas pris en compte leur souci de sauver le secteur.


D’autres opérateurs, des plus optimistes ou soucieux de la transparence, ont dénoncé cette  » grève fiscale  » comme un acte non-civique. Certains instigateurs du non paiement des charges fiscales auraient déjà eu des problèmes financiers avant la crise. S’il en est ainsi, les événements des deux premiers mois de l’année ne les ont sûrement pas aidés à redresser la situation. Dans le camp des optimistes et modérés, Thompson Andriamanoro, Directeur de la Communication de La Maison du Tourisme de Madagascar, affirme que la situation actuelle est conjoncturelle et politique ; que le tourisme va reprendre comme toutes les autres activités. Pour cela, il faut que les avions d’Air Madagascar déploient définitivement leurs ailes.