La coutume malgache veut que l’on ne cherche pas querelle à un mort. C’est peut-être la raison pour laquelle la disparition soudaine de Guy Ratovondrahona, gouverneur par intérim de la Banque centrale de Madagascar a fait l’objet d’une nécrologie classique. Ce spécialiste de la finance était pourtant concerné par la série de « coups d’Etat » perpétrés par le régime Rajoelina pour contrôler les institutions du pays. La Banque centrale n’y a pas échappé.
L’homme à évincer était le dernier gouverneur légalement nommé en 2007. Frédéric Rasamoely a défendu l’institution monétaire contre les putschistes en 2009 malgré la menace de la petite armée au service de la présidence. En tant que président non reconnu, Andry Rajoelina ne pouvait pas limoger le gouverneur de la Banque centrale. Il lui a donc fallu patienter jusqu’en 2012, la fin du mandat de 5 ans de Frédéric Rasamoely.
En 2011, avant la signature de la feuille de route, Andry Rajoelina a pris le devant, conscient qu’il ne peut pas nommer une personne de son cercle à la tête de la Banque centrale. Un putsch déguisé a été nécessaire pour prendre le pouvoir. La première étape a été d’évincer le directeur général pour placer un proche parent de la première dame. L’expérience et le savoir-faire de Guy Ratovondrahona ne souffraient pas de contestation. Seulement, il y avait un troisième critère qu’il ne remplissait pas. Il n’a pas été proposé par le Conseil d’Administration mais parachuté par la présidence.
En 2012, Andry Rajoelina arrive à sa fin puisque son oncle par alliance accède automatiquement au poste de gouverneur de la Banque centrale selon le statut de l’institution après la fin du mandat de Rasamoely. La fonction était par intérim puisqu’une nomination officielle par un président non élu risquait d’être rejetée.
Guy Ratovondrahona avait été imposé et il s’était imposé à la tête de l’institution financière. Il est le premier gouverneur par intérim à apposer sa signature sur un billet de banque. Bien sûr, ladite signature n’est pas reconnue par le Fonds monétaire international. Elle a été toutefois adoubée par le ministre des Finances de l’époque. Pour Hery Rajaonarimampianina, il ne fallait pas se compliquer la vie en se souciant de la désapprobation du FMI puisque les billets ariary ne circulent qu’à Madagascar.
N’ayant pas été intronisé officiellement gouverneur, Guy Ratovondrahona avait gardé son poste de directeur général. Avec sa disparition le 09 septembre 2013, ce sont les deux plus hautes fonctions de la Banque centrale qui sont vacantes. C’est le directeur général adjoint Veromanitra Razafimbelo qui commande à bord.