vendredi , 19 avril 2024
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Bien que la Capitale ait changé de look depuis l’arrivée du nouveau maire et que l’assainissement soit la priorité de l’activité de ce dernier, Antananarivo connaît encore la pollution de l’air.

ANTANANARIVO SOUS L’EFFET DE L’ESSENCE AVEC PLOMB

Les embouteillages qui vous retardent à tout rendez-vous, les fumées noires qui s’échappent des automobiles et que vous respirez jusqu’au fond de vos bronchioles tout le long du parcours, tout le stress que vous ressentez dès le matin en vivant dans ces conditions, c’est le quotidien des Tananariviens.

En se basant aux normes de l’EPA (Environmental Protect Agency) et l’OMS (Organisation Mondial de la Santé), les résultats des études de la pollution de l’air due au Plomb des gaz échappés des voitures et aux molécules de poids moléculaires inférieur à 10 (PM10) montrent que la Capitale est étouffée, surtout dans les endroits où il y a plus de trafic.

Pour le Plomb, la norme de l’EPA est de 1,5µg/m3 et pour l’OMS elle est de 0,5µg/m3. Dans le tunnel d’Ambohidahy, ce taux atteint 3,5µg/m3, dans le tunnel d’Ambanidia il est de 1,95; à Mahamasina de 0,88; à Andravoahangy de 1,85; à Ankorondrano de 1,112 et à Soarano de 1,13. Pour les PM10, le norme est de 150µg/m3. Dans les tunnels d’Ambohidahy et d’Ambanidia, les taux moyens de ces molécules sont respectivement de 504 et de 352 µg/m3. Le carburant le plus utilisé par nos automobiles étant l’essence composée d’hydrocarbure imbrûlé (2000 particules/mm/volume), d’oxyde de carbone(15% du volume), de dioxyde de carbone (15% du volume), d’oxygène(4% du volume).

La classe productive victime

L’enquête menée par une équipe médicale de l’Hôpital Général de Befelatanana a démontré que la population dans ces zones se plaint d’avoir des larmoiements, des irritations des yeux, du gène de respiration, de toux, de grippes, de rhinites et de migraines. Le Dr Raholimina Voahirana du Service des maladies respiratoires chez l’adulte à l’Hôpital Général de Befelatanana tient à remarquer que 80 adultes/mois sont hospitalisés dans ce service. Malgré que des études statistiques n’aient pas encore été faites jusqu’ici, il a été constaté que l’asthme et le cancer de poumon deviennent de plus en plus fréquents. De même, la tuberculose émerge dangereusement dans la Capitale, 7 à 8 sur les 10 malades qu’elle soigne sont atteints de cette maladie. Et la couche productive constituée de jeunes entre 19 et 44 ans est la plus touchée.
Ces maladies ne sont pas obligatoirement liées aux pollutions de l’air. Pourtant, on ne peut pas écarter les gaz d’échappements des voitures parmi les principales causes, tout comme les feux de brousse, la fumée des cigarettes et celle du charbon de bois.

Un parc automobile vétuste

“Nous sommes conscients que nous sommes de grands pollueurs” dixit le président de la coopérative Analamahitsy Transport et non moins ancien président du Bureau des Professionnels du Transport Urbain, Bernardin Andriambonitsolomora. Les voitures utilisées pour le transport public sont accusées comme premier responsable de tous ces maux. Des études faites en 1998 ont dénoncé que 82,75% des voitures polluantes sont des bus; 73,80% sont des taxis collectifs. 80%des automobiles utilisées dans le transport public sont des voitures d’occasions ayant déjà roulé plus de 10 ans en Europe ou à la Réunion, avant d’être importées à Madagascar. Mais les transporteurs ne peuvent trouver d’autres solutions sachant que pour satisfaire leurs clients sur le frais de transport, ils ne peuvent s’acheter de nouvelles voitures. Dans cette filière, la non professionnalisation a ses répercussions. L’année dernière, 18%des voitures ayant passées la visite technique n’ont pas pu circuler. 80 seulement sur les 2100 exploitants cette filière sont des professionnels. La concurrence déloyale règne, le souci pour la santé publique n’existe pas.

Globalement, en 1998, sur les 83 812 voitures circulantes dans la Capitale, 10 901 sont nouvellement immatriculées et 2829 seulement sont neuves.

Pauvreté et application des lois

En 1971, une loi interdisant la circulation des voitures d’où s’échappe du gaz nocif, existait déjà. Mais elle n’a pas pu être appliquée faute d’appareil. Devant l’entrée massive de véhicules d’occasions durant cette dernière décennie et après avoir pris en considération les résultats des recherches de l’INSTN, le ministère du Travaux public, la Gendarmerie, l’Office Nationale pour l’Environnement ont arrêté en juillet 2000 une nouvelle loi. Cet office a doté la Direction Générale de la Sécurité routière, responsable de la visite technique des voitures, de deux baies d’analyse de gaz comportant chacune un analyseur de gaz et un opacimétrie. La périodicité de cette visite technique dépend du type de véhicule et de son utilisation, allant de 4 – 6 mois pour les voitures pour le transport public à un an pour les voitures de tourisme. En 1998, 57,5% des voitures circulants dans la Capitale sont polluantes. De juillet 2000 à avril 2001, sur les 1966 automobiles qui y sont passées , 611 ont été imputées soit 31%. Selon le Directeur de la sécurité routière, on ne peut pas être sévère dans l’application de cette loi, vu la pauvreté de la population. Ce que confirme le responsable de l’ONE qui se demande si la population supporterait les conséquences de la mise en pratique des quelques instruments juridiques sur la pollution urbaine, le renouvellement du parc automobile, l’application de la politique d’essence…. Il encourage la coordination des études faites ici et là pour mieux axer la lutte. La mise en place d’un observatoire pour l’environnement permettra l’avancée des études et la prise de mesures dans l’ensemble du problème.