jeudi , 25 avril 2024
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Le paysage médiatique malgache est dominé par les grands groupes d’affaires. Les entreprises de presse et le monde audiovisuel, à Madagascar, n’ont pas échappé à la tendance mondiale. Dans ce contexte, la lutte pour la liberté d’informer, d’une manière libre et indépendante, s’avère sans merci.

Conjoncture : quand les conglomérats financiers engloutissent les médias

C’est une certitude. Comme dans les pays industrialisés, les grands groupes financiers se sont appropriés dans la Grande Ile des entreprises de presse les plus en vue.


Toutes les publications quotidiennes de la capitale, Antananarivo, appartiennent actuellement à des familles de businessman de renom. Ici comme ailleurs, la tendance consiste également à être présent dans la presse écrite et dans l’audiovisuel. Celui qui a eu sa radio hier, cherche les moyens d’avoir son journal version papier aujourd’hui. Et vice-versa. Celui qui a son « canard » veut disposer, demain, de sa station de radio et de sa chaîne de télévision.


Un état des lieux s’impose. Le journal quotidien Madagascar Tribune a été fondé par la famille d’entrepreneurs Ramanandraibe que l’on ne présente plus dans le milieu des affaires. La famille est, entre autres, propriétaire de la célèbre chocolaterie Robert. 


Midi Madagasikara, un autre journal quotidien, appartient à une autre famille d’entrepreneurs, Rajaofera. Le fils de Marthe Rajaofera Andriambelo, fondatrice et présidente du conseil d’administration, Rajaofera Andriambelo, plus connu sous le pseudonyme Dadou, est par ailleurs le fondateur de la première chaîne de télévision privée malgache, Matv, en 1995. 


Le journal Le Quotidien et la chaîne MBS (Malagasy Broadcasting system) appartiennent à Marc Ravlomanana, homme d’affaires, propriétaire du groupe agroalimentaire Tiko, et président de la République de Madagascar depuis 2002.


L’Express de Madagascar, fondé par un autre homme d’affaire, Herizo Razafimahaleo, appartient depuis peu au groupe PREY de Edgard Razafindravaha, un jeune loups aux dents longues également dans le milieu du business. Il vient d’acquérir le groupe audiovisuel RTA après avoir racheté la radio Antsiva, quelques années auparavant.


Et l’un des derniers-nés de la presse quotidienne, Les Nouvelles, n’échappe pas à cette tendance. Cette publication appartient à la famille de Naina Andriatsitohaina, président du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM) et ancien président du Syndicat des industries de Madagascar (SIM).


Dans ce paysage, La Gazette de la Grande Ile se voulait être l’exception qui confirme la règle. Ce journal a été fondé par des anciens journalistes issus de diverses publications de la capitale, mais c’est toujours un homme d’affaires, Lôla Rasoamaharo, qui a fourni l’essentiel du financement de sa création.


Dernièrement, le gel de licences, au niveau du ministère des télécommunication, des postes et de la communication, pour les nouvelles entreprises audiovisuelles, a fait que les nouveaux groupes de presse ne pouvaient plus, en attendant de nouvelles mesures, fonder leur station de radio ou leur chaîne de télévision, bien que selon des sources concordantes certains en avaient réellement l’intention. 


En toute logique, dans ce contexte, affaires, politique et information s’entremêlent facilement. L’amalgame n’est pas forcément une bonne chose pour les journalistes en quête d’indépendance et de liberté pour la publication des informations. La quête de la satisfaction professionnelle s’avère, d’une manière générale, ardue. Et comme qui dirait, certains ont la sempiternelle impression que l’on est toujours mieux ailleurs.