jeudi , 25 avril 2024
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L’alliance Voahary Gasy attend avec impatience l’avis du Conseil d’Etat afin de confronter le gouvernement à ses responsabilités dans le pillage légalisé des ressources forestières. Le décret interministériel autorisant l’exportation de bois précieux a en effet favorisé le trafic en tout genre. Les associations de protection de l’environnement militent pour une bonne gouvernance de la forêt, à commencer par un meilleur reboisement.

Gouvernance environnementale : le Voahary Gasy espère un procès contre l’Etat

Après avoir déposé une plainte auprès du Conseil d’Etat pour dénoncer le décret interministériel autorisant l’exportation de bois de rose, l’Alliance Voahary Gasy espère la tenue d’un procès. Le but est de faire payer l’Etat en récupérant les sommes perçues par le biais des amendes et taxes. Le gouvernement de transition a justifié cette mesure extraordinaire par l’existence d’un stock de bois coupés mais aussi par la manne financière que représentent les 72 millions d’ariary de pénalisation à payer pour chaque conteneur. Pour les écologistes, « une pratique illicite a été légalisée », insistant sur l’interdiction absolue d’exporter des bois non travaillés.

Même si une partie des recettes perçues de ces exportations légalisées de bois précieux est déjà destinée à la région et aussi à des projets de protection de l’environnement, l’Alliance Voahary Gasy ne s’en satisfait pas. Elle souhaite que l’Etat reverse tout ce qui a été récolté dans la caisse du trésor public à ces premiers bénéficiaires. Avec une sanction symbolique, les écologistes veulent ainsi désavouer le gouvernement. Ndranto Razakamanarina, président de Voahary Gasy met la pression. « Nous espérons la sagesse de la justice » dit-il… L’Alliance estime que le décret est une solution à une situation ponctuelle : « le problème à Madagascar, c’est que l’on n’a pas une vision à long terme 

L’essentiel reste, pour les écologistes, l’annulation du décret interministériel et éviter que de telles mesures exceptionnelles se répètent. « La gouvernance environnementale concerne de près les bois précieux, affirme Ndranto Razakamanarina. La richesse du pays est spoliée alors que sa gestion est très partiale, ne profitant pas au grand nombre ». Il regrette que l’autorisation exceptionnelle a stimulé le pillage des aires protégées. Selon l’Alliance, une exploitation rationnelle des forêts primaires sera encore plus rentable pour l’Etat. « Un ou deux arbres de bois précieux coupés par hectare par an peuvent rapporter jusqu’à 200 millions de dollars. Le pays compte encore quelque 30 millions ha de forêts primaires.

Sur le terrain, l’Alliance Voahary Gasy essaie de promouvoir le « kolo ala », c’est-à-dire l’entretien des jeunes plants d’arbre après la campagne de reboisement. L’opération sera lancée dans la commune de Fihaonana à Ankazobe, le 20 février 2010. Le but est d’augmenter le taux de jeunes plants qui grandissent convenablement. L’Alliance estime qu’il faut au moins reboiser 40 000 ha par an afin de répondre au besoin en bois des malgaches. Cette campagne intensive doit être maintenue sur dix ans. Plantation, entretien éclaircissement, regarnissage, pare-feu… coûteraient 300 dollars par hectare.  

Afin d’y arriver, les environnementalistes préconisent de nouvelles variétés de bois qui non seulement poussent rapidement mais donnent de l’excellent bois. Ces nouveaux plants ont aussi le méritent d’être écologiques car ils ne nuisent pas à la richesse du sol. Le paulownia, la variété en vogue du moment, arrive à maturité en une dizaine d’année et est exploitable dès cinq ans. Pour un palissandre, un arbuste atteint les 2 m en cinq ans. Après, la pousse semble éternelle puisque l’arbre ne sera à maturité que plus d’un demi-siècle plus tard.