mercredi , 24 avril 2024
enfrit
La célébration de la journée de la liberté de la presse a été une occasion pour les journalistes Malgaches de se rencontrer et de discuter de la situation actuelle de la profession. C'était aussi une tentative de rassembler les professionnels des médias divisés par la crise politique.

Les journalistes Malgaches, loin d’une véritable réconciliation

Un débat sur le thème « Le journalisme victime des journalistes » a eu lieu la matinée du 3 mai à l’école supérieure de communication, SAMIS ESIC. C’était une occasion pour un certain nombre de journalistes d’évoquer les « dérives » journalistiques lors de la crise de 2009. Le débat a précédé l’inauguration de l’ancienne stèle de l’Ordre des journalistes, à Analakely, muée en une stèle de la liberté de la presse.

Le ministre de la communication, Harry Rahajason, a participé à tous les événements. Il était également présent à un déjeuner entre les confrères à Ambohimanambola, en périphérie de la capitale, sous la houlette de la commission de délivrance des cartes professionnelles. 

Une poignée d’anciens journalistes du groupe MBS, appartenant au président en exil, Marc Ravalomanana, avaient également participé à ces événements. Et c’était une raison suffisante pour certains journalistes de conclure que les confrères sont dorénavant réconciliés, en sachant que le ministre actuel fut un fervent animateur sur la radio Viva appartenant à Andry Rajoelina, le tombeur de Ravalomanana.

Ce fut sans doute une conclusion hâtive. Car la quête d’une véritable réconciliation entre les journalistes directement impliqués dans la crise politique malgache s’avère difficile. Très difficile. La preuve: aucun des 9 journalistes emprisonnés en 2009 et en 2010 n’était présent au déjeuner avec le ministre à Ambohimanambola. Entre les journalistes proches de la Haute Autorité de la Transition et ceux qui ont été incarcérés, le rapprochement est pour le moment du domaine de l’impossible. Personne n’en a pris l’initiative, en tous cas.

La HAT, il faut le noter, a battu le record de la répression des journalistes parmi tous les régimes qui se sont succédé à Madagascar. Neuf journalistes ont été emprisonnés en deux ans. Au cours des dernières décennies, c’est en tous cas un record. Didier Ratsiraka, sous la dictature socialiste, s’est contenté de la censure pour museler la presse. Sous Albert Zafy, le pays a connu le boom des stations de radio privée. Sous Marc Ravalomanana, des stations de radio ont été fermées, mais le régime a essayé de ménager les journalistes, autant que possible.

Aujourd’hui, l’on évoque de plus en plus la « dépénalisation » des délits de presse. Le principe est simple: plutôt payer des amendes qu’aller en prison. Il est également question à chaque fois du projet de code de la communication. Mais ce projet là, on en parle depuis une dizaine d’années.