jeudi , 25 avril 2024
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A l'occasion de l'ouverture de la période de reboisement, il y a une semaine, nous vous invitons à visiter les pépinières traditionnelles d'Ambohibary.

Reboisement: Ambohibary donne l’exemple

C’est samedi, et comme à chaque week-end, Tine, officiellement Raveloarimanana Gilbertine, est fidèle au poste. Ils sont au moins six familles de villageois à rejoindre la Route Nationale n°07 à environ 25 km de la capitale, installant leurs étals sur le bord de la route, bien campés derrière leurs plants de mandariniers ou autres rosiers, guettant patiemment les Tananariviens en mal d’air pur mais surtout passionnés de fleurs. Devant Tine, un véritable parterre, une armée de plants qui n’attendent plus qu’une main verte attentionnée et un jardin pour grandir. Les curieux se hasardent, les connaisseurs furètent recherchant la plante rare qui manque au jardin, la mère de famille évalue le rapport qualité/prix tout en fixant déjà mentalement l’emplacement de la haie de cyprès par rapport à la maison. Dans la majorité des cas, ils ne repartent pas les mains vides. Tine sait bien convaincre, explique, nom scientifique à l’appui, les qualités et les défauts de chaque plante.


Ses connaissances sur le sujet, plus empiriques que théoriques, c’est à la tradition qu’elle le doit. Le village d’Ambohibary (Fokontany d’Ambalavao) d’où elle vient, à 1 km à peine du bord de la RN7 a depuis toujours, « depuis le père de mon grand-père au moins », estime Tine, planté des pépinières. Le village vit d’ailleurs essentiellement de cette activité. 120 familles plantent chaque année dans les champs en moyenne 200 plants d’espèces différentes : eucalyptus, pins, arbres fruitiers, décorations (les boisins par exemple), …qui garniront aussi bien les jardins particuliers que les collines dénudés de l’Imerina Central. Ses clients et ceux des autres villageois ne se limitent pas ainsi aux simples « touristes du week-end ». Les organismes environnementaux, les ministères, les groupements et associations impliquées dans le domaine environnemental ou encore les écoles passent régulièrement leur commande à l’approche de la période du reboisement national.


Depuis ces dix dernières années, les pépinières sont devenues un secteur particulièrement porteur, remarquent les observateurs. Mais pour Ambohibary Ambalavao, sans doute l’un des villages les plus impliquées dans la cause environnementale à Madagascar, l’objectif a dépassé le lucratif. Les paysans reçoivent presque chaque année la visite d’organismes ou de personnalités et même des institutions financières venus les sensibiliser. En 2000, les folk singer Ricky et Belanto, soutenus par l’organisme suisse Madagascar Evergreen, entre deux concerts improvisés en plein air, effectué avec les villageois un reboisement de la colline voisine d’Ambohibary. « Dans cinq ans, prévoit Tine, notre village sera à nouveau vert ». D’autres avant eux, sont passés. Des organismes, suisse toujours qui les encouragé à intensifier leur activité. « Nous recevons toujours la visite d’animateurs, fait remarquer Tine. Il y a deux ans, un vazaha nous a appris une nouvelle technique de greffe, plus efficace ».


Et déjà les activités s’étendent. Les villageois d’Ambohibary ne se contente plus de planter.  » Si vous voulez dessiner votre jardin grandeur nature, vous pouvez également faire appel à nos services », assure Tine.


Dans la famille de Tine, que l’on prenne la mère, la sœur, les deux frères, et même les enfants; tout le monde a consacré sa vie à la terre et aux belles choses qu’elle nous donne. Leur vie est rythmée par les périodes de moisson du riz et de plantations de pépinières. Sur cette partie infime de l’Ile, la couleur verte commence petit à petit à gagner du terrain sur celle rouge de la terre rue.