vendredi , 19 avril 2024
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C’est la consternation dans le monde artistique et aussi dans la communauté des originaires de Tuléar. Le chanteur et musicien Médicis a été lâchement assassiné par des bandits détrousseurs dans le quartier d’Akorondrano. L’artiste avait gagné sa place sur les scènes et dans les studios en tant que virtuose de l’accordéon. Avec cet instrument, il a donné un cachet particulier au son du Tsapiky, le rythme virevoltant du sud du pays.

La fin tragique d’un artiste prometteur, Médicis assassiné

C’était un vendredi soir comme un autre. A 21h30, la rue réputée d’Ankorondrano était encore fréquentée par de nombreux piétons. Seulement, il y a ce maudit endroit de tous les dangers, cette ruelle qui mène vers les bas quartiers malfamés. C’est aussi là que les bandits détrousseurs attendent leurs victimes potentielles. Le chanteur Médicis et sa compagne d’origine étrangère avaient l’habitude d’emprunter la rue d’Ankorondrano à pied. Le soir du drame, le couple allait rentrer chez eux après avoir passé un moment dans un cybercafé dans le quartier voisin, Antanimena. Un trajet de quelques minutes, une rue pas totalement déserte, la douceur d’un soir, il n’y avait aucune raison de changer l’habitude et prendre un taxi.

Le drame

Arrivé au niveau du passage menant vers la ruelle réputée dangereuse, le couple a été pris à partie par deux bandits qui le menaçaient avec des armes blanches, un instrument de la mort qui ressemblerait à un long couteau ou à un petit sabre. Médicis a essayé de s’interposer quand les détrousseurs se sont mis à bousculer sa compagne pour arracher son sac à main. Les bandits ont réussi et ont aussitôt pris la fuite vers la sombre ruelle. Face à cet apparent signe de faiblesse, le chanteur s’est mis à la poursuite des agresseurs. Sa compagne l’a rappelé désespérément, flairant le danger de cette initiative téméraire. Il n’y avait pas des choses précieuses ni une somme importante d’argent dans le sac volé, mais des papiers d’identité.

Médicis a écouté la voix de la raison et est revenu sur ses pas. Seulement, c’était aussi un signe de faiblesse aux yeux des bandits. Alors que le chanteur revenait presque tranquillement vers la grande rue, l’un des agresseurs avait décidé de se venger de l’affront d’être poursuivi sur son territoire par une victime. Sans crier gare, il a porté le coup fatal : le sabre a été planté profondément dans le dos de celui qui était devenu un adversaire pour atteindre le cœur. L’assassin a pris la poudre d’escampette, laissant la compagne du chanteur désemparée face au drame. En larmes et complètement affolée, elle demandait de l’aide aux passants. C’est un autre ressortissant étranger qui s’est finalement arrêté pour embarquer la victime à bord de son véhicule 4×4. Transporté à l’hôpital Girard et Robic, le chanteur Médicis avait déjà rendu l’âme.

Salut l’artiste

Médicis était de ces grands artistes qui avaient plus de talent que de célébrité. C’était un magicien de l’accordéon, de la trempe des Régis Gizavo avec qui il avait quelques points communs. Tous les deux sont originaires de Tuléar et jouent de cet instrument d’une manière traditionnelle. La technique est certes peu conventionnelle mais le son est original. Alors que Régis enchante avec de belles mélodies faites pour les ballades, Médicis mettait le feu dans sa musique. Dans le registre du tsapiky, il était sans pareil, substituant le son de la guitare solo par l’énergie de l’accordéon. Sur la scène, il jouait pour mettre en transe le public, décidément avec l’apparat de circonstance : cheveux tressés, un débardeur blanc et un lambahoany de couleur vive autour de la taille, D’autres artistes l’invitaient sur leurs chansons afin de donner une touche particulière à la musique. Son talent mais aussi sa fin tragique feront que l’on regrettera Médicis.