vendredi , 29 mars 2024
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Tradition : encore un nouvel an passé inaperçu
Une cérémonie de kabary lors du nouvel an malagasy (Ph. Ortana)

Tradition : encore un nouvel an passé inaperçu

C’était le 10 mars 2016, Madagascar est entré dans une nouvelle année, selon le calendrier lunaire. L’évènement a été célébré comme un folklore qui n’intéresse plus que les royalistes et une poignée de traditionnalistes. Le débat sur la recherche d’une identité perdue est en train de se fermer. Quelques groupes gardiens de la tradition des temps des royaumes essaient d’entretenir la flamme.

Le « Taombaovao malagasy » ou nouvel an malgache était à l’époque une cérémonie qui cimentait la fondation même de la société en tant que communauté régie par ses règles sociales et politiques. Il n’en est plus rien aujourd’hui. Le Trano Kolotoraly Malagasy est une des associations qui militent pour la survie de cette tradition ayant une valeur culturelle : « la célébration du nouvel an malgache apparaît comme une pierre angulaire pouvant servir de base pour aider tout un peuple à se retrouver, à rebâtir ensemble et à redynamiser le développement ». L’intérêt de ce retour vers les valeurs anciennes pourrait être politique, dans la mesure où les malgaches ont du mal à achever leur processus de réconciliation.

Au nom du fihavanana

Le nouvel an est propice à la restauration du fihavanana, car il est associé à la réconciliation. Les gens se lavent de leur pêché, par le bain ou Fandroana. Ils reconnaissent leurs fautes et sont prêts à pardonner celles des autres. « Les ingrédients édictés depuis l’époque du Fandroana ou purification par le Roi Ralambo restent valables de nos jours, à savoir que c’est le moment du pardon mutuel, de la réconciliation, autrement dit, le renforcement du fihavanana qui est à la base même de la société malgache », explique le Pr Andriambololo-Nivo.
« Tant au niveau du foyer de la famille, des voisins, que des dirigeants et du peuple, chacun cherche à se faire pardonner mais aussi à pardonner aux autres », telle est la signification du Fandroana. A défaut de réconciliation nationale dans le sens politique du terme, le nouvel an malgache devrait être un moyen de raffermir la confiance entre le peuple et les dirigeants. Rendez-vous en 2017, le 28 Mars.

La genèse du nouvel an malgache

Le Taombaovao Malagasy était à l’origine la « fête des récoltes » ou « prémisses du riz » célébrée depuis le XVIe siècle. Il est toujours célébré comme tel dans certaines localités. Lors su « santabary », le peuple remet aux autorités les premières gerbes de la récolte de riz. Cette cérémonie renforce le fihavanana à travers ses grands thèmes dont la fraternité, la solidarité, le respect d’autrui, la compréhension mutuelle et surtout le pardon.

La festivité fût baptisé « Fandroana » par Ralambo, jadis Roi d’Ambohidrabiby. Le Prince ainsi que la population se purifiaient en prenant un bain, « mandro ». Le rite de purification, dont le fameux bain royal, marquait la fin de l’année et le commencement d’un nouvel an, un moment où la terre et les hommes se purifient par l’eau. La réconciliation est au cœur de ce renouvellement insufflé par la nature. « Les hommes se réconcilient avec Zanahary, le Dieu créateur, avec la nature mais surtout avec leurs semblables ». On appelait aussi le nouvel an Alahamadibe du fait que le Roi Ralambo l’avait célébré au début du mois Alahamady.

Source : Trano Kolotoraly Malagasy