Le studio Soimanga, l’oiseau rare du graphisme.

– Le soimanga est un oiseau endémique malgache dont
le plumage est riche en couleurs. Comment est apparue l’idée de
la création d’un studio de dessin ?

Rado Randriamahaleo : C’est un groupe de dessinateurs de
bande dessinée qui en a eu l’idée en 1985. A l’époque, en tant
qu’association, notre activité été de former des jeunes à
l’art du dessin et de la bande dessinée. Puis le studio a pu se
diversifier petit à petit, et outre la BD, on y fait du dessin
d’art, c’est-à-dire des portraits et des paysages ; du dessin
d’illustration comme la caricature ; et du dessin commercial :
logos et dessins publicitaires.

– Actuellement, vous êtes aussi présents dans le
domaine de l’IEC : information, éducation et communication.
Pouvez-vous nous en toucher un mot ?

R.R. : Parmi nos clients figurent depuis plusieurs
années déjà des organismes ou institutions qui font un travail
de sensibilisation sur un thème donné auprès d’un certain
public cible. Pour citer des exemples, il y a la prévention et
la lutte contre le SIDA. Il y a aussi la sensibilisation pour la
préservation de l’environnement avec le WWF et son magazine
Vintsy. Nous assurons donc la prestation de divers services dans
ces cadres : illustrations pour affichettes, brochures, livres
… Et justement, face à une demande de plus en plus
grandissante, Soimanga s’est adapté et est devenu une société
à responsabilité limitée il y a 5 ans de cela. Les cours de
dessin ont dû être abandonnés. Au niveau de la structure,
plusieurs personnes assurent l’administration générale du
studio, et sept dessinateurs dont a nous-même assuré la
formation -ce sont nos anciens élèves- travaillent chez nous
actuellement.

– Soimanga a opté pour le professionnalisme en
abandonnant sa forme associative …

R.R. : Oui, nous nous y efforçons. Hélas, parfois nos
clients ne reconnaissent pas toujours la valeur de notre travail.
Nos efforts se concentrent ainsi sur la réalisation de quelque
chose ayant de la qualité : nous avons par exemple fait
acquisition, par nos propres moyens, de plusieurs ordinateurs
dans ce but, pour que cette valeur soit reconnue. Mais dans une
règle générale, nos clients sont satisfaits par nos
prestations.
Il faudra noter que nous assurons aussi ce que l’on pourrait
appeler un « service après-vente » dans une société.
Pour un simple studio de dessin, une fois une illustration
réalisée, le travail s’arrête là. Mais pour notre cas, si
l’on prend comme exemple une campagne d’IEC qui dure 6 mois, une
évolution au niveau des dessins pourra s’avérer nécessaire
pour le succès d’une telle campagne. Ainsi, si au début,
l’image d’un enfant avait plus d’impact sur le public cible, à
la fin de la campagne, il se pourrait que ce soit celle d’une
mère qui soit plus appropriée et plus efficace. Nous assurons
donc l’adaptation de nos dessins selon les étapes prévues pour
une campagne.

– Lorsqu’on est devant un dessin ou une illustration, on
peut distinguer aisément la « touche » Soimanga. Est-ce
que vous imposez un certain style à vos dessinateurs ?

R.R. : En fait, tout dépend des directives que nos
clients nous donnent. S’ils nous indiquent comment telle ou telle
illustration devrait être faite, nous nous conformerons autant
que possible à ces indications. Dans le cas
contraire, en tant que société, le studio Soimanga a en effet
son style. Mais comme le dessin est un art, nos dessinateurs
conservent leur entière liberté.