jeudi , 28 mars 2024
enfrit
Il fait partie de ces jeunes sortis de l'université mais qui ont décidé de retourner aux sources. A leurs sources. Là où les gardiens des traditions se transmettent les racines du savoir depuis des siècles.

Temandrota: l’art d’assembler les matières

Je l’ai rencontré par hasard. Dans une salle multimédia où les journalistes aiment se donner rendez-vous. Il cherchait à promouvoir ses activités. Son art. Ses oeuvres. « Temandrota », c’est son nom d’artiste, qu’il a emprunté à celui de sa famille, issue d’un groupe clanique de l’Androy (région de l’extrême sud de l’île). Leurs membres ont été désignés gardiens des traditions orales dans une communauté où le rôle est bien réparti.


Pérégrinations


Tema pour les intimes et Randriahasandratra Razafimandimby de son état civil, me rappelle qu’on faisait partie de la même équipe de foot à l’Université d’Antananarivo dix ans plus tôt. Aujourd’hui, ses études de gestion achevées, il gère à sa manière les connaissances acquises lors de trois années de pérégrinations à travers le pays Zafimaniry (célèbre pour ses sculptures et gravures sur bois).


Amalgame


Une de ses oeuvres, montée sur un présentoir en palissandre, posée sur la table de la salle de presse attire tout de suite le regard. Surpris puis curieux, on fait le tour de cet étrange tableau, où se mélange peinture et sculpture. Tema mise sur un assemblage judicieux des matières et ose l’extrême : toiles de jute, sacs de ciment, bouses de zébu modèleront des visages de femmes noires, base de son inspiration.


Femmes typiques


L’arrangement du sisal lui permet de jouer avec les tresses typiques des femmes de toute la partie sud de l’île qu’il aime pour leur timidité, leur pudicité, leur féminité ; tandis que les couleurs naturelles de la terre et l’acrylique achèveront de traduire sur le panneau ou le poteau l’émotion de ses modèles. Enfin, l’ensemble tient sur un cadre en bambou où s’entremêlent des tiges de roseau aux couleurs vives.


Concrétisme


Tema, gestionnaire par défaut et autodidacte de formation est avant tout un passionné de dessin avant de se lancer dans le concrétisme, le symbolique et le figuratif. La B.D, oui mais par divertissement. Les dessins animés? Très peu pour celui qui se dit découragé par les contraintes par trop commerciales des jeux interactifs au détriment de la création artistique.


Accueil favorable


Cette année, après avoir honoré les commandes des hôtels et des grands magasins, la vente-exposition annuelle de peinture organisée traditionnellement sur l’ancienne place du Zoma (ancien marché à ciel ouvert de la capitale qui se tenait tous les vendredis) lui permet de présenter au grand public ses femmes. L’accueil qui lui a été réservé l’incite à poursuivre et à voir loin.


Gardiens des traditions


Des promoteurs le contactent pour des tournées à l’extérieur. A court terme, il projette d’exposer à Antananarivo 7 oeuvres de 2 mètres de haut chacune, qui seront en fait des contes à lui confiés par les gardiens des traditions et qu’il dépeindra à sa manière pour perpétuer l’histoire d’un peuple. L’âme d’un pays.


Temandrota sera bientôt sur le web.


Un panneau ou un poteau coûte entre 75 et 410 Euros.