mercredi , 24 avril 2024
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Après un mandat de 4 ans, dont deux ans de dépassement à la tête d’une transition non reconnue par une partie de la population malgache et de la communauté internationale, le chef de la HAT reste sur sa faim et veut toujours utiliser un moyen démocratique pour légitimer un pouvoir issu d’un coup d’Etat militaro-civil.

Andry Rajoelina, un candidat au nom des droits de l’homme et de la souveraineté

Après les Etats-Unis qui s’oppose fermement à sa candidature en tant qu’auteur et/ou bénéficiaire d’un coup d’Etat, le premier ministre Beriziky a jeté une pavée dans la marre en émettant son « avis personnel ». C’est le tollé dans le rang de la mouvance Rajoelina.

Le premier ministre de consensus a beau relativiser les choses en évoquant un avis du citoyen Beriziky selon lequel le président de la Transition ne devrait pas se présenter à l’élection présidentielle, le divorce est consommé avec la mouvance Rajoelina.

Un représentant du groupe parlementaire TGV a qualifié « d’atteintes aux droits de l’homme », le fait que premier ministre veut priver Andry Rajoelina de son plein droit à se porter candidat. Il qualifie d’acte de déstabilisation et une initiative contre l’apaisement la fameuse phrase prononcée dans le cadre d’une interview à un journal. L’UDR-C en a rajouté une couche en dénonçant une prise de position du premier ministre de consensus.

En bloquant le retour du président en exil jusqu’au 8 novembre, la HAT élimine ainsi le principal concurrent de Rajoelina. Marc Ravalomanana est donc pour le moment hors jeu. Condamné par la justice de la HAT, il a besoin d’une amnistie. Malgré l’article 20 de la Feuille de Route sur le retour sans condition des exilés, il a été empêché de retourner au pays pour ne pas remplir la condition d’avoir été résident à Madagascar au moins six mois avant le scrutin, selon la disposition de la loi électorale de la HAT.

Même si Andry Rajoelina arrivait à légaliser son pouvoir en devenant le premier président de sa république personnelle qui est virtuellement en place depuis décembre 2010, la crise politique et les sanctions contre Madagascar vont très probablement continuer. Les Etats-Unis n’ont pas changé d’un iota leur position sur la nécessaire disqualification de l’auteur du coup d’Etat de 2009 pour la prochaine élection présidentielle malgache.

Par le simple principe de la non-reconnaissance de toute utilisation de moyen démocratique pour légitimer un changement anticonstitutionnel de gouvernement, un Andry Rajoelina président élu de la République TGV ne sera pas reconnu, comme c’est déjà le cas depuis deux ans.

En réponse, Andry Rajoelina avait dénoncé devant les Nations-Unies l’ingérence américaine. Il estime que l’empêcher d’être candidat est une violation de la souveraineté de Madagascar. Les lois malgaches concoctées par sa mouvance le permettent de se présenter, notamment la Constitution sur mesure d’une République née avant la fin d’une transition.

Qui peut donc empêcher Andry Rajoelina de se porter candidat afin d’éviter une crise postélectorale qui se profile. On ne peut pas compter sur son prétendu « patriotisme » qui l’aurait conduit à ne pas se présenter aux élections. Le goût du pouvoir a changé la donne.

Avec un bilan économique catastrophique sur ses quatre ans de règne, une société mal en point, une pauvreté en augmentation, une insécurité ambiante, des arrestations et des exécutions par les forces de l’ordre, une restriction musclée de la liberté d’expression et une crise politique interminable, le chef de la transition n’est plus le favori de ces élections qu’il espérait être une formalité pour transformer un pouvoir mal acquis.

La France ne peut plus cautionner son poulain qui a gâché 4 années de pouvoir et se met à trouver un autre favori. La seule chance du candidat Rajoelina est d’être celui du pouvoir qui peut faire de la « propagande » avant les autres et d’éliminer la concurrence.