A force de traiter les journalistes comme des êtres d’intelligence inférieure que l’on achète par quelques billets, les politiciens malgaches semblent croire qu’un journaliste intelligent et honnête, cela n’existe pas. Aucun ne saurait maitriser le savoir-faire nécessaire à la recherche et au traitement de l’information, respecter des règles éthiques et déontologiques. Bien entendu, c’est faux. Il y a les journalistes travaillant dans les médias contrôlés par le pouvoir qui, eux seuls, connaissent leur métier. Aux yeux du pouvoir et de ses politiciens. Et pourtant, dans un passé très récent, c’est bien la presse qui a légalisé et a donné un effet immédiat au décret qui annonça l’acceptation par le président de la République d’une démission virtuelle du premier ministre en publiant l’information.
« La Président de la République (sic) a parlé du Code de la Communication comme l’un des premiers projets de loi à présenter à l’Assemblée Nationale afin que la maturation de la vie démocratique soit accompagnée par une presse digne de ce nom, libre mais pleinement responsable aussi au regard du type d’information qu’elle livre au public ». Selon le Conseil des ministres, Madagascar n’a pas une presse digne de ce nom mais une presse irresponsable qui ne diffuse pas le type d’information que le pouvoir souhaiterait. On ne va pas reprocher au régime actuel de vouloir instaurer un contrôle de l’information et de limiter cette dernière à de la propagande. Toute critique est à ses yeux l’œuvre d’un opposant déstabilisateur et les informations négatives sont de type impubliable. Les journalistes font-ils partie des « adeptes de la déstabilisation, toujours à l’affût de la moindre erreur ». Apparemment oui, d’où le « sic » un plus haut.
Code de la répression de la presse
Le vrai danger est à venir pour les journalistes malgaches et la liberté d’expression. Le pouvoir baisse enfin ses masques sur ses réelles intentions derrière le futur Code de la Communication. Ce projet de texte est liberticide pour les journalistes, dissuasif pour les sources et est une épée de Damoclès pour les médias. Il sera très facile d’établir un délit de presse et sanctionner sévèrement, le journaliste, le rédacteur en chef, le directeur de publication et même l’entreprise. C’est un Code de la Communication qui a été concoctée pour protéger les tenants du pouvoir et les autorités civiles et militaires contre des informations peu glorieuses parues dans la presse. Il n’offre aucune protection aux journalistes ni aux sources malgré certaines apparences. Il n’est pas fait pour promouvoir l’accès à l’information, la pluralité des sources, la liberté de presse ni le développement des médias.
On croyait que l’apparition de nouvelles chaines de télévision, de radio et de nouveaux journaux pro-pouvoir allait atténuer cette aigreur contre la presse. Peut-être que ces médias de propagande, à l’instar de la télévision nationale, n’ont pas la légitimité ni la crédibilité pour convaincre les citoyens. En tout cas, les médias pro-régime précise lors de leur lancement qu’ils sont totalement neutres et qu’ils sont les détenteurs du savoir-faire en journalisme que les autres n’ont pas. Ils veulent sans doute parler d’un journalisme de connivence et de complaisance. Au moins, certains journalistes n’ont pas besoin de recevoir la petite enveloppe proposée par ces mêmes politiciens parce que pour eux, c’est tout simplement une fiche de paye. Pour un journal, c’est la moindre des choses de dire aux lecteurs ses orientations politiques. Il ne fallait pas commencer par leur mentir.