jeudi , 25 avril 2024
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La crise politique finira un jour. C'est ce que les plus optimistes des Malgaches disent souvent. Au bout d'un an de bras de fer, beaucoup se demandent si les acteurs politiques ont réellement la volonté de mettre un terme au conflit.

De la volonté de sortir de la crise: Plus de questions que de réponses

C’est la plus longue crise politique que Madagascar ait jamais connu depuis son indépendance, il y a cinquante ans. L’histoire politique de la Grande Ile a permis de conclure que la capacité de résistance des Malgaches pour une crise politique ne dépasse pas six ou sept mois au maximum. Cette fois, la crise n’est pas résolue plus d’un an après le début du conflit. C’est bien la lassitude générale qui prévaut actuellement.

Malgré l’ambiance morose, les mouvances politiques feignent d’ignorer les vrais problèmes. La situation est loin d’être débloquée, mais a priori les principaux acteurs politiques concernés par la crise ne sont pas pressés de trouver une vraie solution durable.

Andry Rajoelina ne compte pas pour le moment partager le pouvoir. Il est heureux de gérer, seul, la Transition. Les autres mouvances politiques pensent lui mettre la pression pour changer la donne. Chaque partie campe pour le moment sur sa position. Le pays se trouve bien dans l’impasse. En attendant, des gens perdent leur emploi, certains militants croupissent en prison, et l’économie bat de l’aile. Mais on peut se demander si les politiques s’en soucient vraiment.

Même sans la reconnaissance de la communauté internationale, Andry Rajoelina a bien l’intention de mener à terme la Transition qu’il a savamment volée aux mouvances politiques et aux médiateurs internationaux, incapables de le faire fléchir.

Marc Ravalomanana, après avoir échappé belle à un lynchage des militaires qui se sont retournés contre lui, est peinard dans son exil en Afrique du Sud. Agissant en chat échaudé, le président déchu ne veut plus réellement mouiller son maillot, se contentant de déclaration et de communiqués de presse, tout en feignant d’ignorer que ses partisans, à Madagascar, attendent son retour au pays depuis au moins juin 2009. Ayant compris qu’ils ne pouvaient plus espérer grand chose de leur président, les nombreux partisans de Ravalomanana ont déserté progressivement les lieux de manifestation après avoir essuyé à plusieurs reprises la répression aveugle des militaires à la solde la Haute Autorité de la Transition. Le mouvement « légaliste » est aujourd’hui bien mort, et pour le ressusciter il faudra un nouveau souffle.

Pour leur part, les deux autres anciens présidents, Albert Zafy et Didier Ratsiraka, n’attendaient sans doute que cette crise pour sortir de l’ombre. Au crépuscule de leur vie, les deux hommes n’espéraient plus grand chose de la politique. Les médiateurs internationaux les ont ressuscités afin d’éviter un simple face-à-face entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina.

En tous cas, jamais la lassitude n’a atteint les Malgaches à un niveau aussi élevé. Rajoelina croit bénéficier d’un soutien populaire mais se trompe sur toute la ligne. Marc Ravalomanana a trop déçu ses partisans, tandis que Didier Ratsiraka et Albert Zafy tentent tant bien que mal un retour gagnant dans la sphère du pouvoir. Une solution à la crise, dans ces valses hésitations, ces lâchetés à affronter le problème et les jeux d’intérêts divers, est plus que compliquée à trouver.