jeudi , 25 avril 2024
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La HAT a été plus qu’irritée par les critiques du Département américain chargé de la diplomatie dans son rapport 2010. L’autorité de Madagascar a été épinglée sur la question des droits de l’homme et présentée comme « un régime non élu et illégal ». La riposte ne s’est pas fait attendre. La HAT joint les actes à la parole et essaie de démontrer qu’elle jouit déjà d’une certaine reconnaissance internationale.

HAT vs USA : une critique qui fait polémique

Andry Rajoelina a été un brin ironique et suffisant pour répondre aux critiques de la diplomatie américaine. « Les Etats-Unis sont éloignés géographiquement, et c’est pour cela qu’ils sont loin de la réalité », a-t-il déclaré. Le chef de l’autorité conteste les faits reprochés à son régime, en gros le non respect des droits et un exercice de pouvoir dans l’illégalité.

Le rapport 2010 du département américain sur le cas de Madagascar accable la HAT, ce « régime non élu et illégal qui a pris le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, aidé par les militaires ». Pour une fois, un pays rappelle ouvertement que Andry Rajoelina s’est autoproclamé président de la Haute autorité de la transition à la suite d’un changement de gouvernement anticonstitutionnel.

La remarque sur la coalition de politiciens autour du putschiste stipule que le consensus et l’inclusivité fabriqués par la HAT, du moins en 2010, ne sont pas reconnus par Washington. Le Département va jusqu’à dénoncer la mise en place de la république Rajoelina. « Le régime de fait de transition organise un référendum constitutionnel unilatéral et non reconnu par la Communauté internationale ».

Pour Andry Rajoelina, le rapport américain est loin de la réalité. La HAT prétend en effet que le référendum à la gloire du chef de l’autorité a déclenché une reconnaissance internationale de facto. En tête de liste, il y a la Turquie qui devient le premier allié de Madagascar sous l’ère Rajoelina. Ce dernier fera d’ailleurs son premier vrai voyage officiel en Turquie.

La France Afrique se fait discrète mais la présence française à travers la Commission de l’Océan indien et l’Organisation internationale de la Francophonie pèse. Cette France élargie veut reconnaître la HAT avec comme prétexte la feuille de route paraphée. Elle incite Andry Rajoelina et son gouvernement à organiser au plus tôt les élections. Les Etats-Unis et les pays anglo-saxons très proches de Madagascar sous la présidence de Marc Ravalomanana s’éloignent de plus en plus.

Les critiques américaines sur la question des droits de l’homme irritent la HAT. Elles rappellent les « exécutions sommaires et injustifiées commis par le gouvernement et ses agents », les usages mortels de la force par les agents de Police et de la gendarmerie, ainsi que les 102 prisonniers politiques. Le traitement infligé à l’opposant Fetison Andrianirina et ses deux compagnons de geôle n’a pas amélioré l’image de la justice de la HAT.

La propagande pro-HAT n’a pas trouvé mieux que d’attaquer de front les Etats-Unis sur la question du respect des droits de l’homme. Le message est clair : « les américains ne sont pas bien placés pour critiquer ». Pour atteler sa thèse, la voix de la HAT fait référence aux exactions commises dans les prisons en Irak et au camp de Guantanamo. Et de rappeler que l’Union Européenne a aussi condamné le non respect des droits de l’homme par les Etats-Unis.

Avant c’était l’ancien ambassadeur Niels Marquardt qui avait été accusé d’éprouver « une haine viscérale » envers Andry Rajoelina. Aujourd’hui c’est Hilarie Clinton qui attaque la HAT. Demain, ce sera Barack Obama qui n’aimera plus Madagascar ?