mercredi , 24 avril 2024
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Marc Ravalomanana réitère que le vrai motif de ce qu’il qualifie de coup d’Etat est l’intérêt de certains pays étrangers sur les richesses minières de Madagascar, en particulier une réserve pétrolière à fort potentiel. La France figure parmi les puissances économiques qui lorgnent sur les gisements de la grande île.

Intérêts économiques : quand le pétrole justifie un coup d’Etat

La propagande putschiste menée par Andry Rajoelina a été en grande partie axée sur l’économie, en premier la lutte contre toute forme de monopole. La forte domination du groupe agro-industriel Tiko sur le marché de la production et de la distribution a été visée. Les pillages du 26 janvier 2009 et les séries de procès commandés par les autorités ont mis fin à cette suprématie. L’enjeu économique sur ce point n’est pas sujet à fomenter un coup d’Etat même si quelques opérateurs économiques ont rallié le mouvement populaire, réclamant une libéralisation totale du marché pour faire jouer la concurrence. Le vrai enjeu est la ressource minière de Madagascar. Après l’attribution de deux gisements majeurs, le nickel et cobalt à Ambatovy et l’ilménite à Taolagnaro  à des firmes canadiennes, il restait alors à partager le gâteau sur les divers gisements pétroliers dont la Grande île dispose en offshore ou à l’intérieur de son territoire.

Marc Ravalomanana a affirmé lors d’une téléconférence de presse que la convoitise de certains pays sur ces richesses non encore exploitées a justifié son éviction du pouvoir. Mais qui ? Par le passé, le président évincé avait déjà accusé « des français » derrière ce processus de coup d’Etat. L’Hexagone a en effet un empire pétrolier qui ambitionne de dominer totalement l’Afrique. Marc Ravalomanana estime que la France ne devrait pas signer un accord de partenariat avec le régime de transition et devra attendre le nouveau président élu. Il soupçonnerait une connivence entre Paris et l’autorité de fait de Andry Rajoelina. L’ancien président redouterait l’attribution de marchés pétroliers à la France ou au groupe Total.

Les « anti-français », politiquement s’entend, dénoncent une tentative de mettre en place une nouvelle forme de colonisation aux allures économiques  et sur fond de mondialisation. De par son lien historique avec Madagascar et sa qualité de première partenaire et bailleur de fonds, la France ne peut-elle pas défendre légitimement ses intérêts dans un pays où il a toujours été le numéro un. Seulement, tout a changé depuis la présidence de Marc Ravalomanana. Madagascar s’est ouvert au monde, en particulier vers le continent américain et les pays anglo-saxons.  

Déjà écartée sur les secteurs des télécommunications et les minerais, la France accuse un retard sur le dossier du pétrole. Les américains Shell et Exxon Mobil ont une longueur d’avance. Les investisseurs chinois avancent en silence et creusent dans le sud. Visiblement, il n’y aura pas de la place pour tout le monde. Madagascar n’échappe donc pas à la règle selon laquelle la présence de ressources pétrolières amène fatalement à un coup d’Etat. La stabilité du pouvoir dans un proche avenir est loin d’être garantie. D’autres intérêts économiques sont toujours susceptibles de financer à leur tour le renversement du régime démocratiquement élu.  Avec la forte demande de pétrole dans le monde, un prix du baril assez élevé pour rentabiliser l’exploitation, des réserves qui seraient de l’ordre du milliard de barils, l’or noir de Madagascar est un nouvel eldorado dans un monde en crise.