samedi , 20 avril 2024
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Le général Richard Ravalomanana l’a prédit dans l’une de ses fameuses théories, les opposants concocteraient des troubles pour déstabiliser le régime à l’approche de la date historique du 13 mai. Les forces de l’ordre de la HAT ont été sur le pied de guerre face à une vague de terreur créée de toutes pièces. Terrorisée, la population ne l’est pas plus, habituée sans doute au climat d’insécurité qui s’installe depuis le début de la transition.

La semaine de la terreur, le scénario fantaisiste

Le chaos, les troubles, les manifestations violentes tant craints pour le jour du 40ème anniversaire du soulèvement des étudiants et des jeunes ayant conduit à la chute de la 1ère République n’ont eu lieu que dans la tête des forces de l’ordre. La psychose de la chute prématurée de la 4ème République personnelle de Andry Rajoelina n’a de raison d’être que si elle n’était alimentée par les gardiens du pouvoir. Les prétendus défenseurs de l’ordre public n’ont de cible que les opposants et trouvent une légitimité douteuse dans les farfelus scénario d’attentats terroristes et de tentatives d’assassinat contre la personne du chef de la transition.

A l’approche du 13 mai, le régime HAT voulait éviter à tout prix que les lycéens continuent à descendre dans la rue. Réclamant la reprise des cours et en même temps la satisfaction des revendications des enseignants, ces adolescents ont pris l’habitude de faire un passage symbolique sur ce qui reste de la place où se faisaient et se défaisaient les pouvoirs. La HAT a ajouté 5 milliards d’ariary supplémentaires dans l’enveloppe budgétaire destinée aux indemnités des enseignants, mais ce n’était pas gagné. Il fallait faire peur aux lycéens et à leurs parents.

Trois personnes arrêtées, dont un ancien membre du Congrès de la Transition, deux grenades offensives et des bombes de peinture saisies. C’est le bilan de l’opération qui a empêché un acte terroriste de se passer à Analakely. La propagande de la terreur bat son plein : le bain de sang aurait été évité de justesse et les parents devraient empêcher leurs enfants de manifester dans la rue. Les informations sur une prétendue dangerosité d’une grenade offensive capable de tuer par dizaines devaient les convaincre.

Le mot bombe a toujours son petit effet même s’il est associé peinture. L’amalgame est facile puisque les enquêteurs sont encore à la recherche du poseur de bombe artisanale qui a abimé la façade d’un magasin d’électroménager à Tsaralalana. Après la diffusion de la photo des apprentis terroristes filmés par la caméra de surveillance, un individu  a été arrêté à Itaosy. Il a été dénoncé par un informateur qui a noté sa ressemblance avec le suspect.  

L’Emmo Reg du général Richard Ravalomanana offre une récompense de 1 million d’ariary pour toute information permettant l’arrestation des suspects. Chose inhabituelle, les enquêteurs appellent les « terroristes » à se rendre aux autorités. Dans tous ces évènements, on s’attendait à ce que l’Emmo Reg cherche des coupables dans les rangs des opposants, en particulier de la mouvance Ravalomanana. Furieux qu’un élément des forces de répression ait reçu des coups de la part de quelques individus en marge de la manifestation des lycéens, le général anti-opposition a déclaré qu’il allait faire des arrestations au Magro.

Le samedi 12 mai, les parlementaires de la mouvance Ravalomanana ont réussi à démontrer une fois de plus l’absence de liberté d’expression. La place de la démocratie se confirme comme étant la place interdite,  deux fois baptisée par Andry Rajoelina. Les opposants ont surtout pu défiler symboliquement sur la place du 13 mai après un dialogue. C’est quand l’Emmo Reg procède à la répression manu militari que les troubles apparaissent lors des manifestations des opposants à la HAT. Tout de même, des individus ont essayé d’ériger de troubler  la circulation à la grande joie des forces de l’ordre qui ont pu rempli leur objectif, celui de faire des arrestations pour dissuader les manifestants.