mardi , 23 avril 2024
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Au vu des agissements de ses collaborateurs, l’on peut se demander en toute honnêteté si Andry Rajoelina dispose d’une réelle autorité pour s’affubler du titre de président de la Haute Autorité de la Transition ou de chef d’Etat.

La véritable autorité de Rajoelina en question

Qui dirige vraiment le pays ? Cette question, beaucoup se la posent depuis la chute de Marc Ravalomanana en mars 2009. Le constat est irrévocable : Andry Rajoelina se trouve au sommet d’un Etat quasi virtuel qu’aucun pays au monde ne reconnaît. Il se trouve au sommet mais ne commande pas et ne dirige pas. En tous cas, pas comme il faut.

Depuis le début de la crise, c’est l’entourage d’Andry Rajoelina qui se trouve à la barre. Ses collaborateurs décident de tout. Sans demander l’avis de leur « chef hiérarchique». C’est eux qui manigancent souvent à l’insu du jeune « patron » qui devient dans la plupart des cas un simple président de façade qui a juste servi finalement à mobiliser la foule pour le combat contre Marc Ravalomanana, car aucun de ses adversaires politiques n’avaient plus la cote pour le faire.

En pleine crise, en fin janvier, on incendiait et saccageait des médias proches de Marc Ravalomanana sans consulter Andry Rajoelina quelque peu pris au dépourvu en constatant la violence de ses partisans manipulés par les vieux loups de la politique derrière son dos. 

Aujourd’hui, le président de la « Haute Autorité de la Transition » est incapable de bouger le petit doigt face aux razzias perpétrées par ses ministres au niveau de certains départements. Des techniciens  du ministère du Budget, qui sont en train de préparer le budget 2010, l’ont toutefois attesté : des détournements et des dépenses injustifiées étaient légion cette année au niveau des départements ministériels.

Et puis, quand le « président » nomme un Premier ministre et que celui-ci ne parvient même pas à intégrer son palais encore occupé par son prédécesseur qui refuse de s’en aller, on peut vraiment se demander sur l’effectivité de son autorité. 

Depuis quelques jours, la question de la poursuite des négociations pour la mise en place de la Transition basée sur les accords de Maputo fait rage. Et là encore, c’est l’entourage qui parle et semble dicter la décision que le « chef » doit prendre. Alain Ramaroson, membre de la HAT, a convoqué la presse à son domicile pour affirmer que la mouvance Rajoelina exige une réunion à Genève. Et nulle part ailleurs. Deux jours après, Andry Rajoelina soutient qu’il est prêt à poursuivre les négociations sans pour autant adopter le même langage que Ramaroson.   

Et enfin, au sein de l’armée. On ne sait plus qui tire les ficelles. C’est avéré, des militaires s’adonnent souvent à des actes de banditisme. Et un ancien mutin a récemment affirmé clairement qu’il ne reçoit pas d’ordre de Andry Rajoelina. Le président de la HAT est censé être le « Chef suprême des armées» mais des militaires ont choisi ouvertement de se ranger du côté du Premier ministre « rebelle » Monja Roindefo qui se terre toujours dans son palais. 

Sans doute, Marc Ravalomanana n’a pas eu vraiment tort de dire que depuis quelques temps « il n’y a pas d’Etat à Madagascar». Sans doute aussi, Radanoara, spécialiste de la relation internationale a en partie raison de considérer Andry Rajoelina comme « l’otage» de ses collaborateurs qui agissent souvent à leur guise, et quelquefois à son insu.