jeudi , 18 avril 2024
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L’épineuse question du retour au pays de Lalao Ravalomanana, l’ex-première dame a été un test pour Andry Rajoelina sur sa volonté et sa prédisposition à respecter enfin la feuille de route, en particulier le fameux article 20. Le chef de la transition a finalement cédé, mais avec des conditions. Mieux, c’est finalement lui tente de récupérer politiquement ce retour inéluctable tout en interdisant les opposants d’en faire autant. Ce qui n’empêche pas le jeune politicien de se conduire en... gendre idéal.

Lalao Ravalomanana et le gendre idéal

Il a fallu une semaine à Andry Rajoelina pour comprendre qu’il ne peut pas empêcher le retour au pays de l’épouse du président renversé par le coup d’Etat militaro-civil. Une semaine à faire la sourde oreille au gouvernement qui a transmis la requête mettant le chef de la transition au pied du mur. Si Lalao Ravalomanana ne pouvait rentrer au pays, ce serait uniquement parce que Rajoelina s’y oppose. Ce retour fort en symbole avant les élections est un nouveau coup dur pour la mouvance Rajoelina.

Fin juillet 2012, on se souvient de la dernière tentative de Lalao Ravalomanana, accompagnée de sa bru Gergana, de rentrer au pays pour voir sa famille dont sont fils Tojo. Elle avait demandé à son mari, l’ex-président, si elle pouvait faire ce voyage après que le dialogue ait été rétabli avec Andry Rajoelina aux Seychelles. Le voyage familial s’est tourné à un cauchemar pour Lalao et Gergana Ravalomanana. Andry Rajoelina y a vu une provocation, voire une tentative de coup d’Etat contre lui.

A cette époque, il y avait déjà la feuille de route qui dicte clairement le retour au pays sans condition des exilés. Les deux femmes de la famille Ravalomanana ne pouvaient en aucun cas faire l’objet de l’article additionnel n°45 pour que les forces de l’ordre s’interposent. Elles ont été malmenées à l’aéroport, jetées manu militari dans un avion pour l’Asie, sans passeport ni affaires personnelles. La dictature militaro-civile du régime Rajoelina a refait surface. 

En 2013, après une semaine de réflexion, à moins qu’il n’eût déjà dit oui « dans sa tête », Andry Rajoelina se montre clément et compréhensif et veut bien permettre le retour au pays de Lalao Ravalomanana. Une semaine, cela donne le temps de préparer la contre-attaque. Ce retour ne se fera pas sans condition ni quelques mises en garde. Les opposants ne devraient aucunement l’exploiter à des fins politiques. Madame Ravalomanana doit se limiter strictement à une visite humanitaire, c’est-à-dire être au chevet de sa mère âgée et malade.

L’objet de la visite ne devrait avoir de l’importance si Andry Rajoelina était prédisposé à respecter la feuille de route qui a force de loi. Le chef de la transition a besoin de rappeler que c’est lui qui fait la loi à Madagascar. Hors de question que Lalao Ravalomanana apporte de l’espoir à une partie de la population malgache lassée par les 4 ans de mandat aussi illégal qu’illégitime d’un putschiste. Le seul espoir permis c’est qu’en 2018, un gendre idéal accède enfin à la présidence de la République.

Et ce gendre idéal se prénomme évidemment Andry Nirina. Le jeune homme essaie de tirer profit de ce retour au pays d’un autre membre de la famille Ravalomanana qui sera embarrassant sur le plan politique. Il regrette que l’ancien régime se soit mal conduit avec ses beaux-parents et il ne veut pas répondre au mal par le mal. Ainsi, la belle-mère de Marc Ravalomanana ne sera pas privée de la visite de sa fille. Le gendre idéal se permet même de mettre à la disposition de « Madame Lalao » un jet et une voiture. Prudence ou dignité, celle-ci a refusé poliment une offre qui ressemble à une opération de communication.

« Visite ». Cela veut dire que Lalao Ravalomanana n’est pas revenue de manière définitive. Va-t-on l’inviter à repartir une fois que sa mère ira mieux. Qu’en est-il de ses enfants, puisque le cas de son mari, c’est la communauté internationale qui va s’en occuper. La présence au pays de Lalao Ravalomanana peut-elle influencer les résultats des élections. Assurément, si elle peut s’exprimer librement. C’est ce que Andry Rajoelina essaie de lui interdire.