jeudi , 28 mars 2024
enfrit
Nous publions ci-dessous quelques extraits du dernier livre de M. Kouchner, ancien ministre de la santé du gouvernement Jospin.

LIVRE : Le premier qui dit la vérité…

« J’étais attentif à toutes les interventions de politique étrangère, ma passion. A chaque Conseil, le ministre des Affaires étrangères fait son  » tour du monde « . Avec la cohabitation, dans ce domaine partagé, il s’agissait d’arrondir les angles. » 


« Avec talent et érudition, Hubert Védrine soutenait des thèses que je n’approuvais pas toujours, dont le réalisme frôlait souvent le cynisme. J’aimais l’écouter. Considération et amitié ne signifient pas forcément adhésion. Hubert ne partage pas mon point de vue sur le devoir d’ingérence,
ni même sur le droit qui en découle. La cohabitation ne lui permettait pas de s’exprimer en toute franchise. Lionel Jospin était souvent en phase avec son ministre des Affaires étrangères : une claire conscience des limites de la France, une indépendance teintée de souverainisme, la méfiance vis-à-vis de l’Amérique, un goût limité de l’Europe. J’aurais voulu plus de panache,
un attachement maniaque aux droits de l’homme et moins de réalisme. On attend une telle posture de la France. Le reste, y compris l’intendance et l’adhésion populaire, suit alors plus facilement. » 


« Je me souviens de la longue crise à Madagascar entre Ravalomanana et l’ancien président Ratsiraka. Les ONG établies sur place depuis des dizaines d’années hurlaient toutes au scandale, de Médecins sans frontières à Amnesty International; les admirables prêtres installés sur l’île dénonçaient unanimement Ratsiraka le tyran, qui avait assassiné nombre de ses
concitoyens, contraint des Malgaches à l’exil, restreint les libertés, démoli l’économie de son pays. Le peuple malgache ne voulait plus d’un des derniers staliniens du monde, pourtant élu président  » régulièrement « . Et la France ne faisait rien. Chaque fois, le ministre des Affaires étrangères ou le ministre de la Coopération répétait  » On ne sait pas. Il faudrait
qu’il accepte un troisième tour… « 


« Après que les Américains eurent précipité les choses, nous avons volé au secours de l’évidence, Villepin a vite fait un saut à Madagascar. Que de temps perdu pour une politique dont l’antiaméricanisme et le conservatisme vis-à-vis de l’Afrique restent déterminants. J’enrage que nos positions s’effritent tant chez nos compagnons africains, francophones ou
anglophones. »


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