mercredi , 24 avril 2024
enfrit
Le remède proposé par le Président Ravalomanana pour lutter contre la corruption me semble inadapté, indécent, voire inutile.

Lutte contre la corruption : encore inadaptée ?

Le président a mentionné que l’augmentation de salaire prévue pour les membres du gouvernement est rendue possible grâce à une aide extérieure allouée pour la lutte contre la
corruption.On ne peut pas s’empêcher de se demander comment Madagascar pourra supporter cela sans se réendetter.
Par ailleurs, bon nombre de Malgaches pourraient témoigner que la
corruption n’est pas fondamentalement due à de mauvais salaires mais introduite par des
individus plutôt malhonnêtes qui, surtout quand ils sont au pouvoir,offrent tout service avec contre-partie ou se payent en commissions.
Comme antithèse, des millions de Malgaches reçoivent de bas salaires mais ne font pas et n’encouragent pas la corruption.

Il y a
manifestement deux sujets qui sont traités en un seul sujet de manière un peu trop simpliste.

1. Les salaires malgaches en général, ne permettent pas de satisfaire aux besoins minimaux
(nourriture, logement, santé, éducation, …). Cela engendre des dysfonctionnements qui
tuent
petit à petit le pays comme la ‘démission économique’
de bon nombre de
fonctionnaires au profit de l’informel. Une des conséquences directes est l’éducation dans
les écoles publiques. Les maîtres d’école sont obligés d’avoir recours à l’informel (et non
à la corruption!) pour survivre. C’est une priorité
de
trouver une solution pour que le
pays retrouve sa route. Le problème revient aux économistes: il faut planifier une rentrée
d’argent et des solutions soutenables à long terme.

2. Certains individus s’adonnent à la corruption. On peut trouver milles excuses mais
Ratsiraka et famille viennent de démontrer que même milliardaire, ces individus n’arrêtent pas de trouver
des techniques pour déposséder l’État. Face à ce genre de situation, la population s’attend plûtot à ce que la justice joue enfin son rôle i.e
punir les coupables.

Ceci démontre que le remède n’est pas adapté au mal.

D’autre part, par millions, les Malgaches ont défilé dans la rue et ont montré leur volonté
de rejeter le système corrompu, pour certains, aux prix de leur place de travail, coûte que
coûte. La proposition du Président Ravalomanana est donc ressentie comme indécente.

Ce qui me semble plus grave dans cette histoire est le fait que le gouvernement, qui connait
pertinemment tous ces faits, n’a pas proposé de plan plus adapté à la problématique malgache pour l’utilisation de ce fonds. Il s’est
contenté probablement d’un héritage de discussions du gouvernement précédent et le fruits de quelques heures de travail d’un consultant étranger(pour aller
vite??).

Cela semble indiquer que, malgré les changements à la tête de l’État, on en revient au
scénario de toujours: des bailleurs décident des plans inadaptés et des ‘décideurs
malgaches’ appliquent un plan bateau sans se soucier des conséquences. Où est la
responsabilisation de l’État dans la gestion des biens publiques?

Il me semble qu’il est du devoir du gouvernement de garantir que les
priorités réelles soient défendues auprès des bailleurs et non le contraire.

Tout cela montre bien, qu’enlever un dictateur n’est qu’un début plutôt facile et que la lutte sera dure et longue pour transformer un régime bien établit depuis 42 ans.