vendredi , 19 avril 2024
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A quelques jours de la réunion du Groupe international de contact sur la crise malgache, les autorités de fait ont tenté de proposer une énième stratégie de sortie de crise à Maputo. L’opération est un camouflet et le gouvernement Vital a été rejeté. Camille Vital devait faire un seul compte rendu et c’est à Andry Rajoelina.

Vital, la fin du gouvernement de la désunion nationale ?

C’est un voyage à Maputo qui ne signifie pas le retour à l’application de la charte de la transition malgache signée en août 2009 par les quatre mouvances politiques du pays. Albert Camille Vital s’est rendu dans la capitale mozambicaine pour proposer une solution à mi-chemin entre les accords de Maputo et d’Addis Abeba et la volonté de la mouvance Rajoelina de diriger seule le pays durant la transition. Désigné unilatéralement par le président de la HAT, le colonel Vital a du mal à enfiler  le costume d’un premier ministre de consensus. Depuis sa nomination à la tête du gouvernement, le régime a des allures militaro-civile qui ne plaident pas en faveur des prétendus champions de la démocratie populaire. La désunion nationale est même plus marquée qu‘avant. 

La HAT veut imposer son premier ministre militaire comme étant le chef du gouvernement d’union nationale. Difficile cependant d’évincer d’un revers de la main celui dont la nomination avait déjà été officialisée. Eugène Mangalaza reste le seul à être en droit de revendiquer ce poste éphémère. De plus la composition du gouvernement, selon la clé de répartition convenue à Addis Abeba, n’est pas du goût de la mouvance Rajoelina qui voit le pouvoir lui échapper. Sur le même pied d’égalité que les trois autres mouvances Ravalomanana, Zafy et Ratsiraka, Andry Rajoelina revendiquait déjà comme appartenant à sa mouvance les six ministères restants promis aux « autres sensibilités ». Selon l’accord politique établi, c’est la désignation qui revient à la HAT mais les personnes sollicitées devraient effectivement provenir de partis neutres ou de la société civile.

La nécessité ou non d’un retour à la charte de Maputo et à l’acte additionnel d’Addis Abeba divise le gouvernement Vital. La démission du ministre des Affaires Etrangères Ny Hasina Andriamanjato a officialisé la scission. Le numéro un de la diplomatie de la HAT n’a pas été d’une grande efficacité mais il a été difficile pour lui de faire reconnaître un régime de facto. De plus, l’ombre envahissante du conseiller du président de la HAT, Norbert Lala Ratsirahonana, a précipité cette démission. L’ancien chef d’Etat s’est en effet illustré par des initiatives diplomatiques qui n’a pas été finalement plus fructueuses. La course à la succession de Ny Hasina Andriamanjato est engagée même si la mission risque d’être courte. A part les favoris Maxime Zafera, le conseiller du premier ministre Vital en diplomatie et Zazah Ramandimbiarison, un homme influent de la HAT, la désignation d’un ministre pour cumuler son département avec les Affaires Etrangères n’est pas à écarter. Le Vice-premier ministre chargé de la Santé, Alain Tehindrazanarivelo serait en bonne position.

La HAT a dû revoir ses plans et faire profil bas devant le GIC et ses acteurs africains suite à la condamnation du parlement européen de la situation qui prévaut à Madagascar. Sans les 27, elle ne peut compter que partiellement sur le soutien inconditionnel de la France. La nouvelle feuille de route de Andry Rajoelina met l’organisation des élections par les autorités de fait avant la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Pour faire changer d’avis une communauté internationale qui campe sur une même position, celle de ne pas reconnaître toute élection organisée de manière unilatérale, la HAT prévoit d’impliquer l’Union européenne dans l’organisation et l’observation du scrutin législatif. Comme base légale, cette élection n’a que la mini-constitution personnalisée décrétée par ordonnance par Andry Rajoelina en décembre 2009. La tentative de contrecarrer l’influence africaine a échoué.